L’assouplissement quantitatif : une politique monétaire alternative
Le quantitative easing (QE), ou assouplissement quantitatif, est une approche non conventionnelle de la politique monétaire où une banque centrale acquiert des titres à long terme sur les marchés financiers dans le but d’augmenter la masse monétaire et de stimuler les prêts et les investissements. L’achat de ces titres permet d’injecter de la nouvelle liquidité dans l’économie, tout en réduisant les taux d’intérêt. Comme mentionné précédemment, les banques centrales augmentent la masse monétaire notamment par l’achat d’obligations d’État. Ce procédé diminue le coût de la monnaie, entraînant ainsi une réduction des taux d’intérêt. Des taux d’intérêt plus bas encouragent les banques à prêter plus facilement, mais en même temps, l’épargne est moins rémunérée. Cette stratégie est généralement mise en œuvre lorsque les taux d’intérêt approchent de 0, car à ce stade, les banques n’ont plus d’autres leviers pour stimuler la croissance.
Le QE, une réponse à la crise ?
Depuis 2015 jusqu’à la crise du COVID-19, la Banque centrale européenne (BCE) avait déjà injecté 2500 milliards d’euros de liquidités via des mesures de QE. Pour faire face à cette crise, la BCE a intensifié ses efforts en augmentant ce montant de 1350 milliards d’euros début juin. Cette démarche a perduré durant l’année 2020, atteignant ainsi un total de plus de 6000 milliards d’euros, équivalent à la moitié du PIB de la zone euro (12 000 milliards d’euros). Avec l’application accrue de ces politiques, peut-on s’interroger sur la conformité de la BCE à sa mission initiale ?
Le QE représente une politique monétaire très expansive, mais elle ne peut éliminer les causes structurelles de la faiblesse de l’inflation. En 2019, le taux d’intérêt des dépôts des banques à la BCE a plongé dans le négatif (-0,50%). Dans ce nouveau contexte, la courbe de Phillips ne semble plus opérante : malgré des taux d’intérêt négatifs, le chômage dans la zone euro a chuté de 12% en 2012 à 7,4% en 2019. Dès lors, pourquoi persévérer dans une telle politique monétaire, et quels en sont les bénéfices ?
Fiscalisation de la politique monétaire
La BCE tenterait-elle de forcer les entreprises à accroître leur efficacité par la demande stimulée ? Non, les gains de productivité semblent rapidement stagner. Cherche-t-elle à inciter les banques à prêter davantage ? En réalité, la croissance du crédit ne dépasse pas 3% par an en moyenne, peu convaincante au regard des vastes assouplissements quantitatifs réalisés. Par ailleurs, les bas taux d’intérêt ont fait grimper les prix de l’immobilier depuis 2015, sans pour autant accroître la construction de logements.
Le terme de fiscalisation de la politique monétaire fait alors surface, signifiant que « la BCE essaie de maintenir la solvabilité budgétaire de certains États de la zone euro en réduisant les intérêts sur leur dette publique ». Pour de nombreux critiques de la politique actuelle de la BCE, cette mission ne devrait pas incomber à la politique monétaire, qui ne devrait pas être responsable des dettes publiques.
L’hélicoptère monétaire
Il est indéniable que la crise provoquée par la pandémie de COVID-19 est très différente des précédentes crises financières, comme celle de 1929 ou la faillite de Lehman Brothers en 2008 qui émergeaient d’abord du secteur financier avant d’impact plein l’économie réelle. Dans la situation actuelle, seule la politique du QE semble répondre aux besoins pressants des États et des entreprises. La croissance mondiale prévue pour 2020 devrait enregistrer une baisse d’environ 4%.
Avec l’adoption de cette stratégie monétaire non conventionnelle pour affronter la crise, nous entrons dans un âge d’