Introduction en bourse de la FDJ

Stéphane

août 30, 2025

Une attente qui prend fin

Cela fait maintenant une semaine que nos lecteurs l’attendent ! Voici un article, ou plutôt une analyse impartiale, consacrée à l’introduction en bourse de la FDJ. Commençons par clarifier ce qu’implique une introduction en bourse ainsi qu’une privatisation.

Introduction en bourse de la FDJ

La vie d’une entreprise cotée en bourse est marquée par plusieurs étapes, et l’introduction au marché boursier (IPO en anglais pour Initial Public Offering) en fait partie.

Les enjeux d’une introduction

Le succès de l’arrivée d’une société sur le marché repose sur plusieurs facteurs. Y a-t-il des investisseurs intéressés ? Quelle en est la composition (petits porteurs, institutions financières, entreprises, etc.) ? Et quel prix sont-ils prêts à payer ?

Les entreprises qui cherchent à se faire coter doivent se tourner vers des experts financiers afin d’obtenir des réponses à ces questions. Ces professionnels s’assurent également que l’introduction se passe dans les meilleures conditions possibles, un aspect particulièrement crucial pour la FDJ. En effet, l’un des principaux objectifs de cette opération est de réconcilier les Français avec l’idée d’actionnariat.

Nous avons d’ailleurs abordé le rapport des Français avec le risque dans un article que vous pouvez retrouver ici.

Les attentes des investisseurs

Les investisseurs doivent être convaincus qu’ils ne paient pas un prix excessif et qu’il y a une forte probabilité que la société prenne de la valeur sur le marché dans les mois à venir.

Il convient de noter que cette introduction est spéciale car il s’agit d’une privatisation. L’État, en tant qu’actionnaire majoritaire, a décidé de réduire sa part dans la société de jeux, passant de 72 % à seulement 20 % après l’introduction.

OPO – Offre à prix ouvert

Différentes méthodes d’introduction existent, et dans ce cas, nous évoquons l’offre à prix ouvert (OPO). L’intermédiaire en charge de l’opération distribue d’abord une large part des titres à des investisseurs institutionnels, avant d’ouvrir l’offre au public des particuliers.

Pour la privatisation de la FDJ, un tiers des actions souscrites est réservé aux investisseurs privés. En revanche, les établissements financiers ont rapidement acquis leur part au cours des premières heures.

En effet, grâce aux demandes de titres soumises par ces institutions, les experts évaluent la situation. Ce sont ces investisseurs qui influenceront la fourchette de prix qui sera ensuite présentée aux investisseurs particuliers.

Participer à l’introduction

Une fois cette fourchette fixée, les investisseurs privés peuvent passer leurs ordres sur le marché pour participer à l’introduction. La sélection d’un prix qui semble raisonnable n’est pas une mince affaire. Si le prix proposé est trop bas, il est probable que vous ne serez pas servi. À l’inverse, un prix trop élevé pourrait réduire vos chances d’accéder aux parts disponibles.

À partir du 7 novembre 2019, il est possible de placer des ordres via votre intermédiaire (banque ou courtier) où est domicilié votre compte titre ou PEA. La fourchette a été établie entre 16,17 € et 19,50 € par action.

Avec ces chiffres, la FDJ devrait atteindre une valorisation boursière comprise entre 3,15 milliards et 3,8 milliards d’euros. Les recettes maximales que l’État pourrait réaliser avec cette vente se chiffreraient à 1,7 milliard.

De plus, si la demande pour les titres se montre forte, l’État pourrait allouer 15 % d’actions supplémentaires. Cela réduirait encore plus sa part, le transformant ainsi en actionnaire minoritaire.

Attirance des investisseurs institutionnels

Les actions de la française des jeux ont rapidement suscité l’intérêt des investisseurs institutionnels. Une introduction est véritablement une opportunité de réaliser des plus-values significatives, mais elle comporte également un risque en cas de surévaluation. Ceci pourrait entraîner une réajustement rapide du titre à la baisse, aggravé par la précipitation des petits porteurs.

Il est à noter que l’État est souvent perçu comme un vendeur peu efficace. Il brade fréquemment ses actifs, comme les autoroutes cédées à Vinci il y a 15 ans. Aujourd’hui, l’objectif de l’État dans le cadre de la privatisation de la FDJ est double : constituer un fonds gouvernemental pour financer des projets plus risqués et réconcilier les Français avec le marché boursier. Ces derniers ont en effet subi plusieurs crises successives, et l’indice le plus accessible pour eux n’a jamais retrouvé son niveau d’avant, soit 7000 points.

Une privatisation qui interroge

Personnellement, je ne suis pas convaincu que cette privatisation vise à améliorer la gestion économique de la FDJ ou à combler les lacunes budgétaires de l’État, ce qui est habituellement l’objectif lors d’une telle opération.

Au contraire, les comptes de la FDJ sont excellents. La société connaît une croissance constante, avec des records de mises atteints chaque année. Le marché des paris ne cesse de croître, mais la compétition est rude sur le segment en ligne, représentant désormais 6 % du chiffre d’affaires de la FDJ. Malgré cela, la FDJ reste bien positionnée, démontrant une créativité et une adaptation continue au fil des ans.

Sa stratégie de communication, axée sur l’émotion, est bien reçue, et l’éthique de la société de loterie est louable, avec un financement annuel d’une dizaine de millions d’euros pour les blessés de guerre, grâce à ses 9 % de participation au capital.

Attractivité des actions FDJ

Il est important de souligner que 80 % des bénéfices de la société sont redistribués aux actionnaires, un taux de distribution très élevé qui classe l’action dans la catégorie des titres de rendement.

Alors qu’une privatisation devrait pointer vers une augmentation de la concurrence, la FDJ conservera son monopole sur les jeux de loterie et de grattage pendant 25 ans, offrant ainsi du temps à la nouvelle direction pour s’établir. Cependant, cette continuité a un coût, et la FDJ devra débourser 390 millions d’euros au début de 2020 pour en profiter, une perspective qui suscite des inquiétudes parmi les investisseurs.

L’État joue sur la commercialisation en proposant une décote de 2 % sur le titre. Cela permet aux investisseurs d’obtenir une réduction par rapport à ceux qui achèteront après l’introduction. De plus, pour chaque dix actions achetées et conservées pendant 18 mois, une action supplémentaire est offerte, représentant une augmentation potentielle de 15 % dans le portefeuille si le titre se porte bien.

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